Fin d’un géant humanitaire : les États-Unis dissolvent l’USAID, le monde s’inquiète
July 3, 2025
Les États-Unis mettent fin à l’USAID, coupant l’un des plus grands soutiens humanitaires mondiaux — avec des conséquences concrètes, immédiates, et potentiellement dramatiques.
Ce qui relevait du domaine de l’impensable est désormais officiel : l’Agence américaine pour le développement international (USAID), pilier de la politique étrangère humanitaire des États-Unis depuis plus de 60 ans, a cessé d’exister. Par décret présidentiel, et dans un climat politique tendu, l’administration Trump a mis un terme à cette institution historique, provoquant une onde de choc à travers les capitales, les ONG, et les communautés bénéficiaires.
L’annonce, confirmée le 1er juillet par le secrétaire d’État Marco Rubio, marque un tournant radical dans la diplomatie américaine. « L’aide au développement telle que nous la connaissions appartient au passé. L’Amérique ne paiera plus pour des systèmes qui sapent ses intérêts », a déclaré Rubio depuis le Département d’État.
Derrière cette décision : un décret signé en janvier 2025 par Donald Trump dès son retour à la Maison-Blanche. Ce texte lançait un audit intégral de l’aide étrangère, sous la supervision d’un nouvel organisme de rationalisation, le « Department of Government Efficiency », dirigé par Elon Musk. Le rapport publié en mai dénonçait un « écosystème opaque d’ONG inefficaces » et prônait un recentrage sur les intérêts économiques et sécuritaires américains.
L’USAID gérait, en 2023, plus de 42 milliards de dollars d’aide publique au développement. De la lutte contre le VIH/sida en Afrique à la sécurité alimentaire au Sahel, en passant par l’éducation des filles en Afghanistan ou l’assistance post-catastrophe en Haïti, ses programmes touchaient plus de 80 pays.
Désormais, près de 94 % du personnel est licencié. Des initiatives emblématiques comme Feed the Future ou PEPFAR sont suspendues, avec des conséquences déjà visibles : retards de traitement pour des millions de patients, suspension des campagnes de vaccination, pénuries dans les camps de réfugiés.
Une étude du Lancet, publiée le 30 juin, prévoit jusqu’à 14 millions de décès évitables d’ici 2030 si les financements ne sont pas remplacés. Les plus touchés : les enfants, les femmes enceintes, et les personnes vivant avec le VIH.
Le monde humanitaire a immédiatement réagi. Amnesty International parle d’un « abandon brutal et cynique ». L’ONU s’inquiète d’un « effondrement logistique dans plusieurs régions critiques ». Oxfam évoque « une tragédie humanitaire évitable ».
Les critiques politiques n’ont pas tardé. L’ancienne directrice de l’USAID, Samantha Power, dénonce « une attaque contre le leadership moral des États-Unis ». Barack Obama et George W. Bush, pourtant opposés sur bien des points, ont publié une déclaration commune qualifiant la dissolution de « tragédie historique ».
Même Bono, chanteur et militant engagé contre la pauvreté, a réagi : « Le monde vient de perdre un bouclier. Des vies vont être perdues, inutilement. »
Côté Républicain, le camp Trump se félicite d’avoir tenu une promesse de longue date : mettre fin à une bureaucratie considérée comme coûteuse et inefficace. Pour Steve Bannon, proche conseiller de l’exécutif, « c’est le début de la fin du globalisme humanitaire ».
Mais certains élus modérés, comme la sénatrice Lisa Murkowski, s’interrogent : « Qui prendra le relais ? La Chine ? La Russie ? Ce n’est pas qu’un geste humanitaire. C’est aussi un instrument de stabilité mondiale. »
Le Département d’État assure que « certaines formes d’aide ciblée » continueront, mais avec des critères plus restrictifs. Dans les faits, peu d’informations ont filtré. Les ambassades américaines attendent encore des instructions précises. Plusieurs pays africains, latino-américains et asiatiques ont exprimé leur incompréhension et lancé des appels à d’autres donateurs.
Dans les couloirs du Congrès, certains élus démocrates évoquent déjà la possibilité d’un projet de loi visant à recréer une structure indépendante d’aide humanitaire. Mais la probabilité d’un tel revirement, sans majorité, reste incertaine.
Plus qu’un démantèlement administratif, c’est une vision du rôle de l’Amérique dans le monde qui vacille. L’USAID n’était pas parfaite. Mais pour beaucoup, elle symbolisait la promesse d’un engagement solidaire, malgré les intérêts, les frontières et les crises.
Aujourd’hui, cette promesse s’est tue.
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